dimanche 13 juillet 2014

Suède, deuxième partie : sur les sentiers.

There is pleasure in the pathless woods,
There is rapture on the lonely shore,
There is society where none intrudes,
By the deep sea and the music in its roar
I love not man the less, but Nature more. 
- Lord Byron.
 
24 juin.
Après une nuit de couchsurfing à Härnösand, occupée en grande partie à préparer la suite du voyage, on n'avait plus qu'à acheter de quoi manger pendant quatre jours et lever le pouce une dernière fois. Il n'a fallu que 10 minutes avant que Kenneth ne s'arrête pour nous emmener jusqu'à Docksta, nous laissant au passage sa carte de visite pour l'éventualité où on repasserait dans le coin, si on a besoin d'un endroit où dormir ou d'une voiture à emprunter... Ça ne sera pas le cas pour ce voyage mais peu importe, le geste suffit à mettre un grand sourire sur nos visages. On pensait que ce serait notre dernier conducteur, mais finalement... il y a 10 kilomètres de Docksta à l'entrée du parc national de Skuleskogen ; on pourrait les faire à pied, mais autant essayer le stop pour quitter la route plus rapidement et passer plus de temps à randonner. On avance sur le bas-côté en levant le pouce devant les rares voitures qui nous dépassent... au bout de 3 kilomètres un couple s'arrête, l'air extrêmement surpris de voir deux auto-stoppeuses. À l'évidence c'est très inhabituel pour eux (probablement pour les Suédois en général), ils en profitent pour nous parler de leur région et nous déposent à l'entrée du parc.



En pleine nature.
Voilà, on y est !

Les sacs pèsent mais on s'en fiche.

Arrivées par l'entrée sud en fin d'après-midi, on savoure les 4 petits kilomètres de marche à travers la forêt de Skule jusque Näskebodarna (voir en fin d'article pour une carte détaillée), où on s'arrêtera pour la nuit. L'allemansrätt suédois (droit d'accès à la nature qui permet, entre autres, de planter sa tente presque n'importe où) ne s'applique pas ici ; le parc est inscrit au patrimoine de l'UNESCO, on ne peut donc camper qu'à certains endroits bien précis... ou dormir dans l'un des cinq refuges, libres d'accès et gratuits. 
    
Il ressemble à un grand terrain de jeu, ce petit parc de 30km².
Tout est indiqué, impossible de se perdre... Aux croisements des sentiers, les noms sur les pancartes laissent rêveurs et les symboles dirigent. On a une carte, mais on pourrait aussi bien marcher au hasard.

 
Après une semaine de nuits fraîches sous ma petite tente, on n'a pas hésité une seconde en découvrant le premier refuge, les deux grands lits et le poêle à bois. On y voit tout le confort d'une maison avec le charme d'une cabane en bois construite entre les arbres, juste au bord d'une plage. Il y a même un barbecue dehors, des toilettes sèches et une table de pique-nique... Rien ne manque ! 

  
On s'endort bercées par le bruit des vagues, enveloppées par la chaleur et l'odeur du poêle à bois...

Ça a des airs de paradis.

25 juin.
Au réveil les reflets du soleil éclatent sur les vagues. Le petit déjeuner n'a jamais été aussi bon ; jusqu'à ce que le réchaud nous lâche, à court de gaz. Je n'avais pas voulu racheter de bouteille pour ne pas devoir la jeter avant de prendre l'avion en rentrant, j'avais croisé les doigts en espérant que la première tienne jusqu'à la fin... raté, il faudra faire sans.
 
  
En quittant le refuge on croise un Suisse francophone et, après avoir discuté deux minutes pendant que je remplissais ma bouteille de l'eau d'une rivière, on décide de faire un bout de chemin ensemble. Assez rapidement, on se rend compte qu'une de ses amies était dans ma classe au lycée... encore une preuve de la petitesse du monde !

On part donc à trois sur le sentier, entre mer et forêt, avec une vague idée de l'itinéraire et toute la journée devant nous pour en profiter.
  
  
Sur la presqu'île Tärnättholmarn, on cache nos sacs sous un arbre pour continuer plus librement.

Le temps est magnifique, le soleil brille, ça nous change des derniers jours... et ça amplifie le sentiment de bien-être, au milieu de la nature.
  
  
En reprenant le chemin, on continue un peu vers le nord et puis on tourne pour s'enfoncer dans la forêt. Ça grimpe, ça fatigue, ça fait transpirer, ça fait du bien ! On passe devant une cascade, on longe un lac et on arrive devant un deuxième, au bord duquel se trouve un autre refuge. L'endroit est idyllique, je ne vois pas d'autres mots pour le décrire. En remplissant à nouveau ma bouteille je me dis que l'eau n'est pas si froide, et que j'ai bien envie de me baigner... Morgane est partante, on enfile les maillots de bain et on avance lentement sur les cailloux glissants en s'habituant progressivement à une eau qui, à bien y réfléchir, ne doit pas dépasser 12°C. C'est pas si chaud, en fait ! Pas assez pour Nicolas, le Suisse, qui considère que pour s'y baigner il faut être fou, ou breton ; un peu des deux peut-être...
  

Rafraîchies (refroidies ?) par la baignade, on se rhabille rapidement pour aller marcher dans les alentours, jusqu'à un endroit dégagé avec vue sur la mer...
 

Le thermomètre indique 10°C et le vent empêche le soleil de nous réchauffer ; on finit par s'abriter dans le refuge et, tant qu'à faire, on y allume un feu. On en profitera pour cuisiner sur le poêle, le problème du réchaud sera résolu pour ce soir !
  

26 juin.
On a dit au revoir à Nicolas ce matin, après un petit déjeuner au soleil. Il continue sa route vers le nord, nous on redescend au sud.

Après un canyon on a le choix entre deux sentiers, on prend celui qui grimpe et que nous avait conseillé Nicolas, passé par là deux jours plus tôt. On arrive, les jambes un peu cassées, au sommet de Slåttdalsberget à 280 mètres au dessus de la mer. Et là, ici... ce qu'on voit tout autour de nous, à 360°, est magnifique, surprenant, épatant... Il y a la mer au loin, les îles, le lac de la nuit dernière, la forêt en bas et un relief beaucoup plus clairsemé en haut, quelques arbres, beaucoup de rochers, des flaques d'eau et des fleurs blanches...
  

Le temps est toujours aussi beau. On s'est rendu compte assez rapidement que le parc est plutôt petit, et que les itinéraires qu'on emprunte sont très vite parcourus. Alors on rallonge, on étire, on fait des boucles et des détours. À la sortie du parc, à 15h, on décide de revenir en arrière ; il est tellement tôt ! On n'a pas envie de marcher sur la route, ça peut attendre demain et, d'ici-là, on peut encore profiter du parc. De retour sur les plages, on cache nos sacs sous un arbre, on part un peu plus loin, on fait une boucle de quelques kilomètres et on court dans une descente, on se sent légères... Il y a des bouts de sentiers où il faut marcher sur des planches ; au début on trouvait ça dommage mais finalement c'est pas plus mal, ça laisse la nature pousser en dessous et les pas des promeneurs l'abîment moins.
   

 
Et puis le soleil disparaît sous l'horizon et l'inactivité laisse le froid nous envahir. Il n'y a pas de cabane cette fois, on a monté la tente sur une plage, tant bien que mal à l'abri du vent... Il est tôt, je décide d'aller chercher de l'eau parce qu'on n'en a plus beaucoup et puis, surtout, la marche me réchauffera un peu. Morgane me suit, et on fait une dernière prolongation à notre journée de marche. Il nous faut parcourir 3km pour trouver une rivière, ce qui porte le total du jour à + de 18 kilomètres. Au retour on marche par automatisme, portées par la fatigue. A l'arrivée le froid a disparu alors, vite, on se glisse dans les sacs de couchage...

 
27 juin.
Mauvaise nuit. Peut-être qu'on s'était trop habitué au confort des refuges, ou peut-être que la température est descendue particulièrement bas... En tout cas, on a eu froid ; même moi avec un sac de couchage de confort 0°C, alors je n'imagine même pas comment Morgane a fait avec son +10° ! Heureusement le soleil brille au réveil, mais le vent refroidit toujours l'air et on ne traîne pas à se mettre en route.

On quitte le parc...

En suivant le Höga Kustenleden (sentier de la Haute Côte) jusqu'à Docksta, ça fait 10 kilomètres (ceux qu'on avait évités en arrivant), ça nous prend 3 heures, et c'est beaucoup moins intéressant que de randonner dans le parc puisqu'on se retrouve maintenant régulièrement à marcher au bord des routes.

[...]

Voilà l'itinéraire qu'on a fait dans le Skuleskogen, en bleu. Ça commence par l'entrée sud, en bas, ça longe la côté jusque Näskebodarna, ça bifurque sur la presqu'île Tärnättholmarn, ça continue au nord et puis ça retourne au sud, ça grimpe jusqu'au lac Tärnättvattnen, ça monte encore plus jusqu'au sommet du Slåttdalsberget, ça redescend, ça file à l'ouest, ça retourne au sud... et puis, il manque seulement tous les tours et détours du dernier jour, concentrés entre l'entrée sud et Näskebodarna.

On a aimé ce parc. C'est beaucoup dû aux circonstances dans lesquelles on s'y est trouvées, après la semaine de voyage en stop, avec un temps magnifique et un itinéraire parfait (entre autres : Slåttdalsberget, du nord au sud, m'a semblé bien plus facile). Mais on est aussi tombées sous le charme de la nature qui y est si belle, entre mer et forêt, entre plage et falaise...

Je recommande, sans hésiter. Pour quelques heures ou plusieurs jours, pour des balades faciles où de la randonnée plus physique. Il y a de quoi faire / voir, pour tout le monde.

Et nous, après ça, on a eu du mal à retourner dans une ville, une capitale en plus...

[À suivre.]
(Une dernière fois)

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